Dans une société qui laisse peu de temps à la rêverie et à la contemplation, j’invite le spectateur, par un point de vue non conventionnel, à déployer son imaginaire en explorant les ombres fugitives et les reflets changeants. Un moment de pause, où chaque élément matériel ou immatériel reprend de la valeur, est considéré, fait naître des sensations et des réflexions, donne naissance à des histoires. Je saisis le phénomène fugace, tentant d’appréhender son essence.

L'ombre du passant

Après des années d’exploration de la thématique des ombres de passants en peinture, l’exploration de la technique avec le verre a ouvert de nouvelles dimensions, exacerbant la notion du vivant et de l’éphémère.

L’ombre est lumière.  L’ombre se nourrit de ce qui l’entoure. Elle est constituée par sa matière et par celle des autres. Elle est indissociable de son environnement. Fugace, changeante, irréelle, réelle, absorbante, reflétante, transparente, opaque, polie, rêche: l’ombre est vivante.

Les verres sont feuilletés avec des inclusions de feuilles d’argent, d’or, de cuivre, d’argent oxydé ou coloré.
Les pièces sont uniques, réalisées en collaboration avec la vitrerie Martin Verre à Villeneuve. Les formats vont du 30×40 cm à 50x90cm. La galerie d’images présente des oeuvres terminées et une partie du processus.

2018

Digigraphie, plexiglas. En collaboration avec les éditions Eric Linard

2014 – 2018

Acrylique sur photographie sur toile

2010 – 2014

Acrylique sur photographie

2001 – 2010

Acrylique sur toile

Dans la série des passants, on ne peut dissocier l’ombre de la personne : là où il y a lumière il y a ombre. L’accent mis sur l’ombre répand une nouvelle «lumière» sur notre environnement urbain et s’appuie sur les traditions et les croyances des civilisations pour lesquelles l’ombre faisait partie de l’âme, mais aussi sur la psychologie analytique: selon Jung, l’ombre symbolise tout ce que la personne refuse de reconnaitre et d’admettre en lui. Lorsqu’on observe l’ombre à une certaine heure, elle semble révéler des traits de la personne, dont certains qu’on ne pourrait appréhender en regardant cette dernière de face. Le spectateur est espion, observe le passant et son ombre sans se faire démasquer, élabore une histoire : qui est ce passant? Où va-t-il ? Quel est son âge ? Que porte-t-il dans son sac ? Pourquoi marche-t-il ainsi ? Mais surtout, nait un indicible sentiment de solitude du passant, seul avec son ombre, qui nous renvoie à la condition humaine, à nous-même, à notre ombre, à nos ombres.

Gview

Nuit

Au premier abord, le noir est une barrière. Comme lorsqu’on éteint la lumière et tente de voir dans l’obscurité, peu à peu l’œil s’habitue et les formes apparaissent. Ici le noir devient multiple par ses nuances et ses textures. Il met en lumière, révèle et exacerbe l’atmosphère particulière, envoûtante et nostalgique.
Les lumières au lointain, traces de vie humaine ou astres, posent des repères et attirent le regard, comme une échappée à travers la noirceur.

La ville de nuit, c’est la face cachée de la ville de jour. S’y révèlent ce qui est invisible le jour, et inversement passent dans l’ombre tout ce que notre regard perçoit le jour. Une ville de nuit – qu’on y soit intégré ou que l’on soit en dehors d’un point en hauteur – est plus riche en informations sur la répartition des activités, sur les frontières qu’une ville de jour . Paradoxalement, elle met en évidence, elle révèle.

Luc Gwiazdzinski, géographe, auteur de travaux d’observation du fonctionnement des villes 24h/24h a dit « Débarrassée des bruits et des encombrements, la ville de nuit est une caricature de la ville de jour ».

Dark poetry

Cette recherche est liée à la série « Nuit ». Elle est composée de 9 digigraphies de 20 x 20 cm chacune, éditées chacune en 5 exemplaires.
Les impressions sont rehaussées à la main, devenant ainsi pièces uniques.
Le polyptyque fonctionne comme un tout modulable, chaque élément pouvant être déplacé ou encore vu séparément.

Archi

2005 – 2011

L’image de ce qui est derrière nous apparaît devant nous, mais modifiée. Nous voyons quelque chose qui n’a pas de matière. Des formes et un traité très proche de la peinture apparaissent, ainsi que des éléments troublants et quasi anecdotiques : un velux ouvert dans le reflet du ciel, le ciel apparaissant au milieu d’un immeuble.

La réalité est aussi fugace que l’ombre, impliquant l’environnement, l’angle, les aléas et surtout la lumière, qui définit les espaces. Enric Franch écrit en 1994 dans Réflexions sur l’espace et sur le design « le contraste entre superficie éclairée et superficie dans la pénombre fait apparaître les limites entre forme et support, entre espace-figure et espace-fond, entre espace-signifié et espace-non signifié. Cette possibilité ouvre la voie au travail dans les limites de l’architecture du vide ». Dans la ville, oeuvre fondamentalement humaine, le reflet d’un instant est un fragile équilibre qui échappe au contrôle de l’Homme, une poésie urbaine qui se fait sans nous, sauf à s’arrêter et à se laisser envahir par ce moment hors de l’espace-temps. La ville, peut on lire dans le « Spécifique » de Muntadas, est cette « part maudite de l’ordre humain, dans lequel nous sommes considérablement immergés. » Prenant le temps d’observer ce phénomène, on peut alors se « désimmerger » .